47-*              MEMOIRES DE PIERRE DE L'ESTOILE.
Ient bien des cuirasses. L'esperance que j'ai de vous voir demain retient ma main de vous faire plus longs discours. Ce sera dimanche que je ferai le -sault péril­leux. A l'heure que je vous escris, j'ai cent importuns sur les espaules, qui me feront hair Saint-Denis comme vous faites Mante. Bonjour, mon cœur; venés demain de bonne heure, car il me semble qu'il y a desja un an que je ne vous ai veue. Je baise un million de fois les belles mains de mon ange, et la bouche de ma chere maistresse.
«De Saint-Denis, ce 2 3 juillet i5g3. »
Le lendemain, qui estoit le samedi 24 de ce mois, il manda dés le matin M. le premier president de Paris et celui de Rouen, pour le venir trouver à son lever. Estans venus, le .Etoy leur dist qu'il les avoit envoyé querir, pour leur dire qu'il avoit fait tout ce qu'il lui avoit esté possible pour contenter messieurs nos mais­tres sur le fait de sa conversion et son retour à l'Eglise catholique, en laquelle il vouloit vivre et mourir, comme il leur avoit protesté; mais que pour cela il n'avoit entendu qu'on le forçast si avant en sa cons­cience pour l'astraindre à des sermens estranges, et à signer et croire des badineries qu'il s'asseuroit que la plus part d'eux ne croioient pas : comme mesmes du purgatoire. « Croies-vous, leur dit-il, qu'il y en ait « ung? » A. quoi ne respondans rien, mais destournans le propos au subjet sur lequel le Roy les avoit mandes, lui dirent qu'il n'estoit pas raisonnable de forcer plus avant Sa Majesté, et qu'ils croiioient qu'ils ne l'avoient jamais entendu de ceste façon ; et que s'il plaisoit à Sa Majesté, ils les iroient trouver pour leur dire et re-
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